83 personnes ont assisté vendredi soir à la soirée cinéma/débat organisée par la Ligue des Droits de l’Homme, section de Remiremont et Vallées, au cinéma Le Majestic de Remiremont. Au programme « Qui a tué le débat public », film coproduit par Médiapart et Premières Lignes. Le débat qui a suivi était animé par le conférencier Serge Houssard. Un film très intéressant qui a permis au public de découvrir, ou de redécouvrir, qu’aujourd’hui 90 % de la Presse Nationale est aux mains de 9 milliardaires, alors qu’une ordonnance oubliée du 26/10/1944 interdisait la concentration des organes de presse. Tout au long des enquêtes menées, les journalistes, preuves à l’appui, ont présenté les pressions et censures subies par eux-mêmes et par leurs collègues lors de leurs reportages. « Nous rappellerons le classement de la liberté de la Presse par les Reporters sans Frontières, qui classent la France à la 34ème position, loin des Pays Nordiques. La liberté de la Presse est un des fondements de nombreuses libertés publiques et chaque citoyen doit bénéficier d’une liberté d’opinion mais doit aussi pouvoir s’informer librement, auprès de titres de presse dont les journalistes sont libres pour mener leurs investigations d’informer, sans subir de pression du propriétaire du journal ou des politiques, ou des groupes de pressions d’intérêts privés… La liberté de la Presse est pour la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDE) comme une composante de la liberté d’expression » a souligné le conférencier.

Reprenant les grosses affaires présentées dans le film, Serge Houssard rappelait que les fondements juridiques de la Liberté de la Presse datent de la Loi de 1881 « plusieurs fois révisée, soit pour lutter contre le racisme ou la négation du nazisme. Les textes de décembre 2018 (Loi organique et loi ordinaire) sont très critiquables car ils introduisent la notion de fake news. Car qui peut manipuler l’opinion ? Les citoyens, certainement pas…. La diversité de la presse ? Elle n’existe pas ! » a-t-il annoncé en invitant le public à se questionner sur le sujet. « Dans les années 50, il existait une presse d’opinion. Aujourd’hui, il reste une Presse subventionnée, tous les médias sont concentrés entre quelques mains qui ont les moyens de faire ou défaire un président de la République, une presse satirique réduite, et il reste une presse libre souvent d’investigation, comme Médiapart ou Médiacité… entre autres » a-t-il souligné. De nombreux exemples ont été donnés, avant d’aborder la nécessaire protection des sources des journalistes d’investigations et de la protection des lanceurs d’alerte. « Enquêter » ? Si les journalistes en ont le droit, alors tout le monde doit en avoir le droit ! A commencer par les lanceurs d’alerte. Et ce droit doit être un droit citoyen, une loi pour tous » a conclu Serge Houssard avant de répondre aux questions.

Serge Houssard : ancien administrateur d’Anticor (2012 à 2017), administrateur fondateur d’AC Corruption, intervenant Global Ethics forum à Genève.

Conférencier sur la prévention de la corruption institutionnalisée. Conseiller de l’Association nationale ADIE pour la liberté d’entreprendre. Dirigeant du cabinet MSH, conseils juridiques et pour les Affaires, depuis 1988.

Christiane THIRIAT.

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